Déroulement d’une semaine à Hanoï

Écrit par une volontaire à court terme qui s’adapte à la vie au Vietnam.

Ma semaine s’organise autour de mon activité principale qui est l’apprentissage de la langue et de la culture vietnamienne. J’ai une dizaine d’heures de cours par semaine selon l’approche GPA (Growing participator approach), dont la progression suit un processus plus naturel d’acquisition qu’une approche traditionnelle. L’oreille s’imprègne peu à peu des sons de la langue en contexte, c’est-à-dire dans des mots reliés directement à des images ou à des objets présents dans le cours. La capacité à parler est développée dans un second temps, seulement après avoir écouté plusieurs fois un même mot. L’acquisition de la langue n’y est pas vue comme une fin en soi mais comme une capacité croissante à prendre part à la société vietnamienne. Comme elle vise un apprentissage de la langue en contexte, cette approche permet de reconnaître puis de réutiliser très rapidement dans la vie quotidienne les mots introduits en cours. La progression se fait en 5 phases. Je me trouve actuellement dans la deuxième partie de la deuxième phase (phase 2B).

L’apprentissage se fait à ce stade à partir d’histoires en images sans texte. Dans la phase 2A, je formais mes propres phrases pour raconter l’histoire en images, aidée de ma tutrice lorsqu’il me manquait certains mots. Il s’agissait ensuite de réutiliser les mots introduits lors du récit dans des exemples personnels. Dans la phase 2B, c’est ma tutrice qui raconte maintenant l’histoire en images avec des mots de son choix. Les nouveaux mots sont donc introduits pendant mon écoute de sa version de l’histoire. Dans un second temps, je réutilise ces mots dans des exemples personnels. Dans un troisième et dernier temps, c’est à moi de faire le récit de l’histoire avec les mots introduits auparavant. J’espère parvenir d’ici la fin de mon séjour à la dernière partie de la phase 3 (qui correspondrait au niveau B1.2 du cadre européen commun de référence pour les langues, mais je n’en suis pas sûre). Pour ce qui est du volet culturel, toutes les deux semaines, d’autres apprenants et moi nous retrouvons pour échanger sur nos observations et/ou expériences de la culture vietnamienne.

Actuellement, l’apprentissage de la culture se fait pour moi principalement dans le fait d’habiter dans un environnement uniquement vietnamien et dans l’interaction quotidienne avec des Vietnamiens pour combler mes besoins essentiels : faire retoucher des vêtements, aller chez le coiffeur… Quand j’aurai atteint la phase 3 (j’espère d’ici avril mai), j’aimerais me joindre à un groupe pratiquant une activité culturelle ou sportive dans le but de tisser des relations plus durables avec les gens et avoir l’occasion d’avoir des conversations plus complexes avec eux.

Le dimanche, j’ai assisté jusqu’à maintenant au culte de l’église international car je ressentais le besoin de comprendre la parole entendue. Ayant été encouragée par ma compréhension croissante lors d’un service de Noël d’une église vietnamienne qui se situe à quelques pas de chez moi, j’ai décidé désormais d’assister à son culte dominical. Je me suis également portée volontaire pour aider dans le club de conversation anglaise proposé par celle-ci majoritairement à des jeunes universitaires. J’espère ainsi multiplier mes occasions d’entendre et de parler le vietnamien et de tisser des liens plus proches avec les gens.

Vu de France (ou d’ailleurs), ce programme d’activités peut sembler assez léger or il n’en est rien. En effet, et c’est pour moi un apprentissage marquant de cette expérience où j’apprends à vivre dans une autre culture, la charge mentale est considérable. Les choses qui semblent évidentes dans son propre pays deviennent plus difficiles avec la barrière culturelle et linguistique, par exemple, le simple fait d’aller au restaurant. Il m’est arrivé il y a deux mois de m’asseoir à la table d’un restaurant et de me voir servir un plat que je n’avais pas commandé, incapable de protester de quelque manière que ce soit.

Dans ma situation de Française d’origine vietnamienne, ce stress culturel est ressenti d’autant plus fortement parce qu’il y a une attente implicite de la part des gens envers moi que je parle leur langue et que je connaisse les codes de leur culture. Or, ce n’est pas le cas. Je dois donc apprendre à identifier les situations où je subis ce stress culturel pour pouvoir en parler lors des moments d’échange avec les autres apprenants et me traiter moi-même avec bienveillance dans ces situations particulières où je peux être remplie de colère ou avoir un sentiment d’impuissance.

Plus récemment, un peu plus d’un mois après la signature du bail de location du logement que j’occupe actuellement, non seulement, le gérant de l’immeuble, qui est mon principal interlocuteur, a changé mais aussi, la propriétaire au moment de la signature ne l’est plus actuellement, ayant cédé la place à son frère. Or, j’ai appris ces changements de manière fortuite et cela, ajouté à d’autres petits ennuis, m’a perturbée et a sapé pour un temps ma confiance en cette dame (l’ancienne propriétaire) au point de vouloir déménager. Le conflit s’étant résolu grâce à l’intervention d’une soeur vietnamienne, je comprends que je fais face à un choc culturel où ce qui me semble évident ne l’est pas forcément pour l’autre et vice versa.

Pour traiter ce bouleversement intérieur, je passe beaucoup de temps à réfléchir à ce que je vis et à poser des mots sur mes émotions dans l’écriture d’un journal. J’essaie de me ressourcer en marchant le plus régulièrement possible dans des parcs. La proximité de la nature me manque. Je réfléchis à prévoir de courts séjours  mensuels à l’extérieur de la ville et de faire l’acquisition de jumelles pour observer la Création, activité qui me ressource.

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